jeudi 20 septembre 2007

La cathédrale de Chartres et les châteaux de la Loire


Lundi 13 août 2007 – 6H45

Soleil à peine debout, nous voici déjà en route pour Chartres. Rien de plus simple à partir de Vaucresson. Nous prenons l'autoroute de Normandie jusqu'à l'autoroute 12, puis la 12 jusqu'à ce qu'elle se transforme en Nationale 10, direction Rambouillet. Nous passons à travers toutes sortes de petites villes et villages plutôt tristounets, en partie abandonnés par leurs habitants partis en vacances dans le sud. Nous découvrons ensuite la campagne française qui ressemble à s'y méprendre à la nôtre sous bien des aspects. A l'exception de l'étroitesse des terres et de la différence des cultures maraichères. Les champs de maïs me semblent moins vastes et les plants et les épis plus petits.

Découverte étonnante sur les routes de France: les ronds-points comme il en existe aussi aux Etats-Unis mais qui sont rarissimes au Québec. En France, il y a des ronds-points partout. Tout carrefour de routes devient un rond-point. En ville comme à la campagne, du village à la banlieue, des ronds-points. Un immense en plein Paris: rond point de l'Étoile avec en son centre l'Arc de Triomphe. De tous petits même à Vaucresson! Sachez qu'il existe même un site internet en France où ils sont recensés et photographiés (http://www.sens-giratoire.com/ ) ma foi, c'est tout dire.

Nous avons eu un peu de difficulté à saisir le sens de la direction indiquée sur les panneaux de ces fameux carrefours giratoires. L'angle de ces panneaux laisse supposer qu'il faut parfois tourner alors qu'il ne faut pas le faire. Est-ce un vilain tour inventé par nos cousins de France pour se jouer un peu de nous? C'est que nous avons souvent crû car nous avons nombre de fois été contraints de rebrousser chemin car nous avions pris la mauvaise route. Mais ça nous a permis de découvrir des coins cachés comme quoi à toutes choses malheur est bon.

Soudain à travers champs et bosquets se profilent les deux célèbres tours de Chartres. Petit frisson de bonheur, c'est ma première cathédrale. Car si je suis venue en France, c'est pour y voir ses églises et surtout ses cathédrales. Chartres sera donc ma première et on ne pouvait espérer mieux comme initiation puisqu'elle possède, à ce que l'on dit, les plus beaux vitraux du monde.

Donc, guidés par ses tours, nous approchons. Nous entrons dans la ville et perdons l'église et les tours de vue, masquées par le toit des maisons. Il est déjà plus de 9 heures lorsque nous garons l'auto dans un stationnement souterrain et que nous regagnons la surface. La ville, toute endormie encore, s'éveille doucement alors que les commerçants des bistros installent leurs tables à l'extérieur et qu'une odeur de café flotte dans l'air. Nous entrons dans un de ces petits établissements. Notre choix n'est pas des plus heureux. Tous les habitués d'une étrange faune locale sirotent déjà leurs bières en fumant comme des cheminées alors que nous avalons notre expresso en vitesse, nous qui pensions y déjeuner. Mais dès que nous mettons les pieds dehors, je passe devant une vitrine de pâtisserie où les croissants et les chocolatines me font de l'œil. Impossible de résister et j'achète deux énormes croissants aux amandes fourrés à la crème de marrons. J'en mange la moitié et je suis comblée. Je tends l'autre à Christian qui malgré qu'il ait englouti le sien s'empresse de dévorer cette demie. La France est ainsi confirmée dans son statut de grande ambassadrice de la bouffe. Je suis d'ailleurs renversée par la quantité de pâtisseries-boulangeries, de boucherie et de restaurants dans ce pays! On retrouve, dans le plus petit village, au moins deux commerces où l'on vend du pain et des pâtisseries! A Paris, dans certains quartiers, il y a parfois une pâtisserie à toutes les trois maisons! Dire qu'ici au Québec, dans un quartier de banlieue comme le mien, celui de Champfleury à Laval, il n'y a aucune boulangerie-pâtisserie pour une population de 15,000 personnes! Incroyable. Je ne nous croyais pas privés de bonnes choses à ce point!

Mais reprenons le chemin de la cathédrale. Nous marchons dans les petites rues désertes de Chartres et finalement nous aboutissons sur une place publique et elle est là, avec ses deux tours dressées vers le ciel. La tour nord avec ses fantaisies de pierre et ses gargouilles, la tour sud, sans artifices et toute pointue. J'avance, fascinée par le portail, alors que Christian, responsable des photos, la mitraille déjà sous toutes ses coutures. Je pose la main sur le mur en songeant qu'un jour, il y a bien des siècles, des hommes ont posé cette pierre sans se douter que nous viendrions, nous les hommes du futur, y admirer leur savoir-faire et leur talent.

L'intérieur est encore plus impressionnant que l'extérieur. Il y fait sombre et frais. L'unique lumière naturelle pénétrant dans ces espaces provient des vitraux, ce qui crée une atmosphère unique et dégage une grande sérénité. Leurs couleurs sublimes illuminent les murs, les transepts et la nef de l'église alors que tout l'édifice est plongé dans une pénombre constante. Ce qui m'a fait songer que les cathédrales devaient être beaucoup plus qu'un lieu de culte et de rassemblement pour la prière. Elles étaient un endroit magique, un endroit de rêve comme le sont aujourd'hui les salles de cinéma. Tout est amplifié ici, le son, l'architecture, l'image, les couleurs, l'odeur, tout. Comme au cinéma. En plus, dans les deux cas, on est transporté ailleurs en portant les yeux sur l'oeuvre qui se révèle devant nous. Et puis, on nous y raconte également une histoire. Celle de l'Ancien et du Nouveau Testament, l'histoire des Saints, le Jugement dernier, même le Zodiaque y est représenté! La technique des maîtres verriers du 12e, 13e et 14e impressionnent. Leur bleu en particulier mais le vert, le rouge et le jaune étonnent tout autant. J'aurai pu demeurer sur place pendant des heures mais je n'ai fait que passer. Et que dire du déambulatoire (espace qui tourne autour du choeur) où 40 scènes sculptées entre le 16 et 17e siècle font le récit de la vie de la Vierge et du Christ avec des personnages parfois vêtus comme les contemporains des sculpteurs.

Après cet incroyable plongeon en plein coeur du Moyen-Age, nous décidons qu'une visite de Chartres sans une montée de la tour Nord est impossible alors, prenant notre courage à deux mains, nous gravissons l'étroit escalier du 13e, pour accéder au clocher et y faire de super photos.

Nous redescendons et sortons de l'église pour en faire le tour et admirer surtout le portail sud, dit du Jugement Dernier. Il m'a rappelé celui de la Cathédrale St-John the Divine à New York qui s'en est d'ailleurs largement inspiré.

Après avoir complété le tour de la Cathédrale, c'est déjà l'heure de se remettre en route puisque nous souhaitons visiter un ou deux châteaux de la Loire aujourd'hui et qu'il est déjà midi.


Après avoir avalé en vitesse un sandwich baguette, nous filons vers la Loire en faisant un petit détour à une station de service car dans mon excitation du matin, j'ai oublié la carte routière sur la table d'entrée de l'appartement et nous roulons sur les routes de France depuis le matin sans carte! Donc arrêt à la station Total la plus près où le jeune homme, malgré toute sa bonne volonté, ne peut me fournir ni renseignements, ni cartes. Nous nous rendons donc à la prochaine station Total, plus imposante cette fois et j'achète une carte du nord-ouest de la France.

Nous empruntons la Nationale 10 de Chartres à Château-Renaud, puis la D31 jusqu'à Amboise, que nous atteignons en après-midi. Visite au château (guidée) , achat de saucissons et de vin au marché public de l'endroit et nous repartons pour Chenonceau. Il est plus de 18H00 lorsque nous amorçons notre visite du célèbre château. J'en garde en mémoire sa lumière et la forêt qui l'entoure sans oublier la vaste allée de platanes pour s'y rendre.


Le soleil descend lentement à l'horizon alors que nous reprenons le chemin de Vaucresson. Après s'être égarés près de Rambouillet, nous arrivons exténués à l'appartement. Il est presque minuit. Ce sera une de nos plus longues journées et après cette aventure, nous décidons sagement que lors de nos prochaines visites hors de Paris, à plus de 200 km, nous allons prendre une chambre à l'hôtel.

1 commentaire:

Unknown a dit…

Chère Danièle, cher Christian,
Un grand merci pour vos jolis voeux de bonne et heuresue année. Soyez certains que nous en formons tout autant - et pourquoi pas un peu plus - pour vous et tous ceux qui vous sont chers.
Nous nous sommes délectés à la lecture de votre "carnet de voyage".
Danièle est conteuse hors pair. Elle nous a procuré une autre vision de Paris "la féminine".
Il est vrai qu'avec un regard venu d'ailleurs on découvre des choses et des facettes qui finissent par échapper aux pauvres autochtones que nous sommes.
Même si New york m'a littéralement fasciné - le mot étant encore trop faible - Danièle me pardonnera (c'est jacquues qui parle) si je garde un petit faible pour notre ville si "féminine" et où l'on garde l'impression que tout peut vous arriver.
Avons aussi été époustouflés par tout ce que vous avez réussi à faire en un temps limité. C'est absolument délirant et ça me rappelle mes propres heures de marchedonnées à la découverte de Montréal où, un peu comme avec Paris (ou Rome), il suffit de se laisser prendre et "envelopper" par la ville.
On espère que vos pauvres membres inférieurs mis à si rude épreuve ont pu récupérer.
Heureux aussi d'avoir pu contribuer si peu que ce soit à rendre votre séjour agréable ... et parfois un peu reposant pour les pieds.
Encore une fois, tous nos meilleurs voeux pour l'année qui s'annonce.
Catrin & Jacques